40 ans et magnifiquement chaotique

40 ans et magnifiquement chaotique

Des chenilles et des larmes

Ce matin, 39 ans, presque 40, je me réveille en me sentant comme un « Beautiful mess ». J’adore ce terme, car il allie beauté et chaos… C’est exactement ce que je ressens à l’intérieur de moi : un magnifique chaos.

L’anxiété dans le tapis, mon corps était debout à 5h35, le ventre enflé par le cortisol. À ce moment-là, je ressens comme des minis fourmillements autour de mon nombril. Ce ne sont pas des papillons d’excitation, mais plutôt des chenilles qui ont perdu leur cocon.

Cette sensation, je la connais. Je l’ai trop souvent vécue, et à chaque fois, c’est désagréable. Je me dis que je vais voir mon psy, m’entraîner, danser, en parler à une amie, et ça va passer.

Mais cette fois, j’ai décidé de les accueillir, ces chenilles. J’ai décidé d’arrêter le bruit autour et de les laisser vibrer dans leur détresse. Elles ont tellement de choses à me dire. J’ai réalisé, d’un coup, que prendre instantanément mes outils pour cesser de les sentir ne faisait que les brasser intérieurement, puis les serrer dans un coin. Jusqu’à ce que la lumière refasse surface… qu’elles ressortent et cherchent encore leur endroit pour installer leur cocon.

C’est ça, l’ironie du travail sur soi. Plus on en fait, plus l’inconfort est grand lorsqu’une résistance émerge ou qu’un pattern s’active. Plus on fait de nettoyage, moins on a ce tapis intérieur qui nous empêche de sentir le mouvement des chenilles. Ce tapis qui absorbe les sons et la sensation du chatouillement des chenilles, qui fait qu’on ne sent plus rien… et on a l’impression d’évoluer. On a quand même l’impression d’être vulnérable.

On a l’impression d’être vulnérable parce qu’on parle des émotions qu’elles nous font ressentir. On a l’impression d’être vulnérable parce qu’on pleure, qu’on parle de nos traumas ouvertement.

Et pourtant, à quoi bon parler de ce qu’on refuse de sentir à 100 % ?

Ce matin, j’ai décidé de sentir. Et j’ai compris ce que ça veut dire être vulnérable.

Pour moi, être vulnérable, ce n’est pas un spectacle. C’est quand, tout d’un coup, je me sens comme si j’avais 2 ans. Quand une sensation interne me ramène un flot de souvenirs qui ont tous le même thème. Quand intérieurement, la panique me prend, mais je refuse de m’étourdir. Je décide d’être curieuse et de poser la question : qu’est-ce que tu veux me raconter ?

Quand je décide de pleurer sans fond, sans peur, sans me raconter l’histoire, que je dois être en détresse si je vis cela. Que si je pleure, je dois être épuisée, ce doit être mes hormones… une petite dépression saisonnière.

Bin non, cal*ss, je braille et j’ai LE DROIT, ET C’EST TELLEMENT BEAU !

Je DÉCIDE d’être vulnérable envers moi-même. Je DÉCIDE de sortir du gym pour pleurer parce qu’une émotion m’a pris à la gorge à ce moment-là. Je DÉCIDE de pleurer au volant de la voiture parce que ça remonte là. Je DÉCIDE d’appeler une amie et de lui dire que j’ai juste besoin de sécurité un moment. Je DÉCIDE d’entendre mes limites et de me donner le droit de les écouter.

Mais surtout, je DÉCIDE d’assumer que ma quête constante de perfection, mon contrôle, est ce qui me nuit encore et encore.

Et non, ma thérapie ne l’a pas réglé à 100 %. En même temps, j’ai fait un bon bout de chemin. Parce que là, il n’y a plus de tapis, alors mes chenilles font la fête en tabarn***...

Non, ce n’est pas parce que je suis « tellement fun et inspirante » que je dois être 100 % du temps « madame Inspiration ».

Je dois fuck all. À part relâcher. Juste… relâcher. Silence radio. Et sentir.

Et comme ce matin, être un Beautiful Mess. Vulnérable et chaotique.

Un mélange entre une « slime », Alice au pays des merveilles sous Adderall et Marilyn Monroe qui se fait un pep talk dans le miroir.

Ce matin, je suis un Beautiful Mess. Et je ne joue pas la carte de la vulnérabilité masquée. Je laisse mes chenilles se promener et trouver leur branche.

Certaines ont peur de devenir papillon, car elles savent qu’elles ont plus de chances d’être frappées par un pare-brise.

Mais, je préfère de loin voler et risquer le vent, que tourner en rond au sol en attendant d’être écrasée par le temps.